A Plénée-Jugon, un camp tzigane tombé dans l'oubli Nous fêtons en
mai 2005, le 60 ème anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Ce 60è anniversaire reste un repère fondamental, une date fondement de notre culture. En cette date l'on évoque forcément la mémoire de ceux qui furent victimes de la barbarie nazie. D'aprés les associations de déportés, ils furent 1115 Costarmoricains arrêtés sur le territoire des Côtes du Nord et déportés soit pour des raisons raciales, soit pour faits de résistance.
Très peu d'articles de presse Qui sait que la persécution des gitans concerna aussi le département des Côtes du Nord. C'est une question sur laquelle les articles de presse régionaux ou nationaux se comptent sur les doigts d'une main depuis 15 ans ! Il faut saluer ceux qui n'ont pas voulu qu'une chappe de plomb enserre ces évenements et en particulier la municipalité de Lamballe et ses services qui ont recherché des traces de ce camp dans le cadre du Festival de la Citoyenneté
Au chateau de la Villeneuve à Plénée-Jugon
Dés le 18 octobre 1940,
la Feldkommandantur des Côtes du Nord demande au préfet de ce département Jacques Feschotte d'interner tous les tziganes qui se trouvent sur ce territoire dans un camp. La directive précise "la surveillance du camp devra être assurée par la
police française".
Dès le 29 octobre 1940 le préfet prend un arrêté qui stipule "la circulation des nomades est interdite sur le territoire des Côtes du Nord à partir du 1er octobre 1940. "Les nomades ou toutes personnes réputées telles seront rassemblés par les soins de la gendarmerie, dans un camp situé au chateau non habité de la Villeneuve et son parc à environ 300 métres Nord-Ouest de Langouhédre en Plénée-Jugon, en bordure de la RN 12. C'est le site de l'actuel Centre éducatif rural d'aveugles.
Le camp fut clôturé et les nomades, une cinquantaine environ, installés au rez-de-chaussée de l'établissement avec présence d'un gardien et d'une salle de discipline dans les communs. Une lettre du préfet au commandant de la Kreiskommandantur de St-Brieuc en date du 9 décembre 1941 précise que ce camp d'internement fonctionna deux mois. Les prisonniers furent ensuite transférés au camp de Coudrecieux (Sarthe) le 20 novembre 1940. La lettre du préfet précise cyniquement "les
quelques nomades qui avaient réussi à se dissimuler ont été appréhendés et conduits aussi à Coudrecieux".
Une plaque ou stèle
Nous n'avons pu à ce jour obtenir le nom de ces internés. Nous leur devons hommage et espérons qu'à l'avenir une plaque signale ces faits à la Villeneuve à Plénée-Jugon.
Dans un livre référence publié en 1974 Destins Gitans, les chercheurs anglais Donald Kenrick et Grattan Puxon précisent "Au camp de la pierre furent internés 300 gitans". Plusieurs d'entre eux furent ensuite envoyés à Mulsanne prés du Mans puis a Montreuil-Bellay. Plusieurs d'entre eux furent envoyés en 1943 dans des camps de service de travail obligatoire ou dans les camps de la mort. Sur cette question il faut aussi mentionner les travaux de recherche menés par l'universitaire Emmanuel Filhol qui confirme nos informations. Il fait lui aussi référence.
www.cridelormeau.com l’écho de la culture en cotes d’armor n°61, 2005