Cet hiver, des campings vont encore afficher complet. Nouveau visage de la précarité et de la pression immobilière, le camping à l'année, illégal, est toléré par les municipalités et même encouragé par des services sociaux débordés. « On estime à plus de 100 000 les personnes qui vivent à l'année sur ces zones réservées au loisir », estime Delphine Picard, auteur d'une étude pour la fondation Abbé Pierre. Le phénomène date d'une dizaine d'années. « Ce qui est nouveau, c'est le nombre de CDD et de CDI qui vivent dans ces caravanes, estime France Poulain, chercheur au CNRS. Les salariés chassent les précaires. Avec leurs fiches de paie, ils sont plus rassurants. » A la sortie des douches collectives, on croise désormais des ouvriers, des employés ou des petits fonctionnaires. « C'est illégal, mais les services sociaux préfèrent orienter ces familles vers les campings plutôt que de les voir dans la rue, ajoute France Poulain. Dans certains départements, les aides au logement sont directement versées aux gérants. » Dans « Etat du mal-logement » 2006, la fondation Abbé Pierre s'apprête à tirer la sonnette d'alarme
© le point 13/09/06 - N°1774 - Page 79 - 185 mots